[Étude de cas] – pour partager nos retours d’expérience à partir de projets menés sur le terrain par l’équipe d’Inkipit et ses contributeurs.

Lorsque les projets sur lesquels nous intervenons nécessitent une approche de mobilisation citoyenne nous aimons faire équipe avec nos contributrices Alice et Maurane du  Facteur Urbain, spécialisé dans l’urbanisme participatif, pour imaginer, composer et habiter ensemble. Les projets d’attractivité et d’hospitalité des territoires, par notre approche marketing territorial, repose toujours sur une compréhension fine de l’identité / des identités de territoire. Le regard d’urbaniste du Facteur Urbain apporte aussi à notre analyse un angle intéressant sur la manière de construire, de faire territoire.

Cette double approche du marketing territorial et de la mobilisation citoyenne nous a récemment guidées à travers deux missions aux problématiques similaires : Jugon-les-lacs (22) et Loireauxence (44), deux communes nouvelles.

Deux territoires ruraux au cœur de cette étude de cas sur la mobilisation citoyenne pour révéler et construire les identités de communes nouvelles, ou comment l’approche marketing territoriale et la mobilisation peuvent accompagner ce processus de transformation territoriale ? 

 

 

La construction collective pour « faire territoire » 

« Jugon-les-lacs Commune Nouvelle ». Voilà la dénomination choisie en 2016 à la suite de la fusion de la commune de Dolo avec Jugon-les-lacs, déjà elle-même issue d’une fusion plus ancienne avec les communes de Lescouët-Jugon et Saint-Igneuc en 1973. 3 bourgs et une ville (Jugon) pour 2 500 habitants, qui se rassemblent pour construire un projet commun. Un territoire au cœur des Côtes d’Armor, entre Lamballe et Dinan.

Loireauxence, c’est le nouveau nom du territoire issu de la fusion des 4 communes de Belligné, La-Chapelle-Saint-Sauveur, La Rouxière et Varades. Une commune de 7 500 habitants entre Nantes et Angers, sur les bords de Loire, et traversée par l’Auxence (d’où le nom de Loireauxence).

Deux « communes nouvelles », ce statut hérité de la réforme des collectivités territoriales de 2010 – dont le fonctionnement est adapté à l’existence de communes déléguées – qui encourage les plus petits territoires à se regrouper, sur la base d’une démarche libre et volontaire (avec des encouragements financiers pour les communes nouvelles créées avant le 01/01/2021 : bonification de dotation globale de fonctionnement).

Deux communes nouvelles créées en 2016, dont le premier mandat a été celui de la construction administrative, quand le deuxième s’est ouvert sous le signe du projet de territoire, porté par de nouveaux élus. Des « mariages de raison » entre 4 communes, pour mutualiser des services et des équipements, économiser sur les achats, porter des investissements plus importants et donc porter des projets plus ambitieux pour le développement local – en pesant davantage au sein des EPCI.

Pour les deux territoires, la problématique de base était similaire, malgré un contexte différent : comment, après ce premier temps institutionnel et administratif, faire territoire autour d’un projet de développement commun ? Autrement dit, comment faire territoire à 4 ? Comment faire que les habitants se sentent appartenir à un même territoire ?

Les objectifs :

  • Définir qui nous sommes collectivement, et d’où nous venons
  • Partager nos spécificités
  • Définir ce qui nous rassemble / nous unit entre les communes déléguées
  • Définir ce que nous voulons devenir / faire ensemble
  • Identifier les éléments d’identité à construire ensemble pour faire exister cette commune nouvelle demain
  • Imaginer le fil-rouge autour duquel se rassembler

 

Faire société sur un territoire, fonctionner ensemble dans une commune nouvelle, ça ne se décrète pas, ça se construit. Travailler avec les acteurs et habitants du territoire sur l’identité et les valeurs de ce territoire, et sur la manière dont on peut traduire ces éléments dans des projets concrets, cela participe de la consolidation des liens entre les personnes qui font vivre le territoire au quotidien, et ça donne du sens à ces actions à l’échelle de la commune nouvelle.

La mobilisation pour faire lien

Au cœur de ces deux projets : la mobilisation citoyenne. Une entrée commune pour les deux collectivités, avec, dans les deux cas, une volonté des élus, de faire de la mobilisation et la participation citoyenne une manière de construire les politiques publiques locales.

Pour la commune de Loireauxence, la participation citoyenne fait même partie intégrante de la politique de la commune avec une charte de participation citoyenne, la création d’un Conseil de Participation Citoyenne, un Conseil Municipal des Enfants (également présent à Jugon-les-lacs), et l’appropriation de méthodes d’animation au quotidien dans la gestion de projets.

Ainsi, Inkipit et Le Facteur Urbain ont conçu une méthodologie pour mener ces travaux autour de l’identité du territoire, basée sur une mobilisation et une participation des habitants et des acteurs du territoire qui permettent de croiser les regards, tisser des liens, assurer la représentativité de la diversité des acteurs locaux. Ces démarches participatives ont ainsi mobilisé des publics diversifiés (acteurs économiques, culturels, associatifs, commerçants, citoyens, partenaires institutionnels, …) et sous des formes diverses également (participation à des temps collectifs, entretiens individuels ou semi-collectifs, questionnaire en ligne, etc.).

Les enjeux derrière cette mobilisation ?

  • Permettre l’échange, le croisement des regards, la participation des habitants sur un sujet qui concerne tous les citoyens vivant, travaillant ou visitant un territoire
  • Faire territoire en créant du lien entre les gens, par des temps conviviaux, ludiques
  • Recueillir une matière diverse, par le vécu et la maîtrise d’usage, pour creuser les identités de territoire et construire un portrait sensible : les caractéristiques intrinsèques du territoire, les systèmes de valeurs, l’histoire, … par des témoignages, des récits, des expériences partagées.

Nous appliquons ensuite une méthodologie bien spécifique pour imaginer une mobilisation au service du projet, et des formats adaptés à chaque enjeu / objectif : temps forts grand public, événements, questionnaires en ligne, focus group, entretiens semi-directifs, grands jeux d’exploration, …

Mais pas de secrets ici, pour réussir la mobilisation sur ce sujet des identités de territoires – qui peut parfois paraître technique ou conceptuel car peu relié à des applications pratiques dans l’esprit des habitants – il faut de l’implication des équipes sur place. Et sur ces communes rurales, celle des élus est encore plus importante car ce sont eux les interlocuteurs directs des habitants. Parmi les conditions de réussite :

  1. Imaginer toujours des temps conviviaux, festifs ou ludiques, qui créent du lien et motivent les participants. En ce sens, « raccrocher » ces temps forts de la démarche à des événements préexistants sur le territoire (fête communale, forum des associations, etc.) renforce la dimension mobilisatrice de ces temps de contribution.
  2. Faire du lien entre les projets / démarches en cours, pour faire y intégrer ce sujet de l’identité du territoire comme une composante, un socle, permettant de déployer des politiques publiques et projets concrets, opérationnels (projet de territoire, opération Petite Ville de Demain dans les cas de Loireauxence & Jugon-les-Lacs, PLU, projets urbains en cours de réflexion, schéma de mobilités…)

L’approche marketing territorial pour les petits territoires, les territoires ruraux : quelle traduction ?

Ces deux projets ont conduit à élaborer des portraits sensibles des territoires concernés pour aboutir à :

  • la formalisation d’un discours commun, de messages clés qui incarnent le territoire et ce vers quoi il se projette. Une forme de mise en récit pour porter le projet, pour projeter les habitants dans l’avenir, pour séduire et faire venir des familles, à des porteurs de projets, … en fonction des objectifs que se donne le territoire.
  • une traduction communicante
  • la formalisation d’un outil pour guider les projets / politiques publiques / dispositifs / événements… (y compris privés), pour répondre aux attentes des publics et incarner l’identité du territoire dans tous les projets et politiques publiques portés sur le territoire
  • la construction des preuves dans l’offre

Toujours en appliquant l’approche marketing qui consiste à se mettre à la place de nos cibles. Dans les communes nouvelles, cela implique notamment de se mettre à la place des publics qui n’ont pas connu les anciennes limites administratives, et notamment les plus jeunes, les enfants et les nouveau-nés dans ces communes nouvelles, pour construire, au fil du temps, les nouveaux chapitres des récits de ces nouveaux territoires qui se construisent.

Nous aurons le plaisir d’accompagner la commune de Loireauxence au Sénat en septembre 2022 pour témoigner de ce projet et partager son retour d’expérience sur la mobilisation citoyenne au service de la construction de l’identité d’une commune nouvelle !

Si cette étude de cas fait écho à des problématiques que vous rencontrez, n’hésitez-pas à nous contacter !

Anne Miriel – 06 37 66 45 61 – anne.miriel@inkipit.net

Anaïs Hernot – 06 63 87 84 37 – anais.hernot@inkipit.net